Tu n’attires pas la violence : ton corps la reconnaît

aude jeandrot

On t’a peut-être déjà dit que si tu vivais la violence, c’est que tu l’attirais.
Et quelque chose en toi s’est refermé.
Parce que tu sais que ce n’est pas ça.
Tu n’as rien cherché, rien mérité.
Tu as seulement reconnu quelque chose que ton corps connaissait déjà.

Il y a une différence immense entre attirer et reconnaître.
Attirer, c’est vouloir. Reconnaître, c’est réagir.
Ton corps ne désire pas la violence, il la détecte, il la sent avant toi, souvent trop tôt, parfois trop tard.
Il ne cherche pas la souffrance : il cherche le connu.
Et parfois, ce connu est ce qui t’a permis de survivre autrefois.

Ce que ton corps retient sans toi

Le corps se souvient de tout, même de ce que ta tête a voulu oublier.
Le ton d’une voix, une odeur, une tension dans l’air : il enregistre.
C’est ce qu’on appelle la mémoire du corps.

Elle ne se limite pas à tes expériences à toi.
Elle porte aussi des traces héritées : les mémoires familiales, transgénérationnelles, les schémas de loyauté silencieuse.
Ces mémoires ne sont pas des malédictions, ce sont des empreintes.
Elles expliquent pourquoi tu peux rester calme face à des situations intolérables, ou au contraire réagir violemment à des gestes anodins.


Ton corps reconnaît un climat émotionnel qu’il a déjà connu.
Il ne fait pas la différence entre passé et présent : il protège, simplement.

Je le vois souvent en séance.
Une femme s’allonge, elle dit qu’elle veut comprendre pourquoi elle “attire” toujours les mêmes relations.
Mais avant même qu’elle parle, son souffle est haut, son ventre retient, sa mâchoire tremble un peu.
Le corps parle déjà.

Et quand il lâche, souvent, c’est une scène ancienne qui remonte — un repas tendu, une phrase humiliante, un regard qui fait peur.
Ce ne sont pas des souvenirs précis, mais des sensations.
Et ces sensations deviennent des filtres : ton corps apprend à repérer ce qu’il a déjà connu, même quand ta tête veut croire que “cette fois, ce sera différent”.

Ce qui se rejoue, malgré toi

Ce mécanisme n’a rien d’un sabotage.
C’est un réflexe de survie.

Ton système nerveux cherche le familier, parce que le familier donne l’illusion du contrôle.
C’est paradoxal : tu veux aller vers la douceur, mais ton corps fait confiance à ce qu’il connaît, même si cela fait mal.
Ce n’est pas de la faiblesse.
C’est de la fidélité.
Une fidélité à ton histoire, à ton clan, parfois même à une lignée de femmes qui ont appris à se taire pour être aimées.

C’est là que le travail corporel change tout.
Quand tu commences à écouter ton corps sans le juger, tu entres dans une autre logique : celle de la rééducation sensorielle.
Tu lui apprends de nouveaux repères de sécurité.
Et peu à peu, il cesse de confondre tension et amour, peur et présence, contrôle et lien.

Réapprendre à reconnaître autrement

Le corps ne se réforme pas par la volonté.
Il se rééduque par la sensation.
Cela commence souvent par des gestes simples : poser la main sur ton ventre, respirer lentement, sentir le poids de ton dos contre le sol ou la chaise.


Ces micro-gestes envoient un message au système nerveux : “je suis ici, maintenant, et je suis en sécurité”.
Petit à petit, le corps enregistre une nouvelle carte intérieure.
Il découvre qu’il peut être aimé sans être tendu.
Entendu sans se défendre.
Présent sans se contracter.

Je repense à une femme venue avec des douleurs dans la gorge.
Chaque fois qu’elle voulait dire non, sa voix se bloquait.
En travaillant sur cette zone, elle a pris conscience que, petite, elle avait appris à se taire pour éviter les cris.
Le jour où elle a pu respirer pleinement sans peur, son corps a compris que le danger était passé.
Ce n’était pas une décision mentale, c’était un relâchement profond.

C’est ça, la libération émotionnelle : pas une explosion, mais un apaisement.
Une reconnexion entre ce que tu ressens et ce que tu vis.
Le corps devient un allié, non plus un champ de bataille.

Quand la douceur devient un acte de courage

Apprendre à t’écouter autrement, ce n’est pas devenir zen ou insensible.
C’est accepter de sentir à nouveau, même ce qui dérange.
La douceur, dans ce travail, n’est pas un confort : c’est une puissance tranquille.
Elle dit non sans hurler.
Elle répare ce qui a été forcé.
Elle crée l’espace où tu peux te choisir sans te trahir.

En séance, je vois souvent ce moment précis : celui où le corps lâche une tension ancienne, et où le visage s’éclaire.
Il ne s’agit pas de comprendre “pourquoi” tout de suite, mais de reconnaître que quelque chose s’ouvre, enfin.
Le mental arrive après.
Ce que le corps sait, c’est que la paix est possible.

Retrouver ton axe, pas ton armure

Tu n’as pas à “te protéger davantage”, mais à retrouver ton axe.
Le corps le connaît : c’est cet état où tu respires sans effort, où tu sens tes appuis, où ton regard devient plus clair.
C’est à partir de là que tu peux poser des limites, faire des choix, reconnaître ce qui te nourrit et ce qui t’épuise.
Tu ne fuis plus la violence : tu la vois venir, et tu n’y entres plus.

C’est ce que j’appelle une transformation intérieure douce.
Pas un grand bouleversement, mais un déplacement profond.
Tu ne cherches plus à attirer autre chose : tu vibres autrement.
Ton corps devient ton guide, ton baromètre, ton refuge.

Ce que je te propose

À Tours, je reçois des femmes qui ont ce courage-là : celui de venir comprendre ce que leur corps retient encore.
Nous travaillons à travers le Shiatsu et la mémoire du corps, pour apaiser les émotions enfouies, relâcher les tensions, et retrouver cette sécurité intérieure qu’aucune parole ne remplace.
Chaque séance est un espace de calme, d’écoute et de clarté.
Il n’y a rien à prouver, rien à réussir.
Juste à te déposer, à sentir ce qui bouge, à accueillir ce que ton corps murmure.

Tu n’attires pas la violence.
Tu la reconnais.
Et tu peux apprendre à reconnaître autre chose : la paix, la confiance, la douceur.
Elles étaient déjà là.
Ton corps les attendait.

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