Ton corps a une histoire, la tienne, celle que tu as vécu, que tu vis. Celle de tes réussites, de tes peines, de tes blessures, de tes opérations, de tes maladies, de ce que tu as vécu et de ce que tu vis aussi. Parfois, tu lui reproches de ne pas être celui que tu idéalises, celui qui peut être admiré, aimé selon toi, et parfois selon le regard des autres.
Le regard des autres
L’image renvoyée par la société est celle d’un homme musclé, glabre, jeune et celui d’une femme fine (ventre plat, jambes interminables), avec des formes, et jeune cela va de soi. Cette représentation est omniprésente dans les publicités, les séries et cela crée parfois un décalage que tu vis mal entre ton corps et cette idéalisation (ce fantasme).
A ce propos, tu peux lire le livre de Mona Chollet “Beauté fatale” ou celui d’Eve Ensler “Un corps parfait”.
Et parfois, ce n’est pas le regard des inconnus qui te pèsent mais ceux de tes proches. Ils émettent des opinions, des jugements qui peuvent te blesser. N’oublies pas qu’il s’agit uniquement de leur avis, en fonction de leurs propres blessures (je t’en reparle plus loin dans l’article).
Tu n’es pas une image, tu es une personne vivante et ton vécu se lit sur ton corps. Il est le reflet des moments que tu as traversés, il est bien plus qu’une simple image.
Les rides, témoins de tes pensées et de ta joie
Il est naturel de grandir, de vieillir. La ride du lion, celle qui est entre tes sourcils, est ce qu’on appelle une ride d’expression. Elle traduit le fait que tu as régulièrement froncé les sourcils, autrement dit, c’est là le signe des penseurs, des gens contrariés, perplexes. Et que dire de celles au coin de tes yeux ! Elles apparaissent quand tu ris, souris souvent, elles sont belles ces rides de joie, non ?
Tes rides témoignent des émotions que tu as ressenties, de ton âge aussi. Si tu as besoin de les estomper, essaies de le faire pour toi, pas pour le regard des autres. Tu choisis ce que tu fais de ton corps et comment tu en prends soin. C’est ton corps, c’est ton avis qui compte. Il en est de même pour tes cheveux blancs, si tu t’aimes comme cela, gardes-les, si tu te préfères avec une autre couleur, vas-y.
Que ce choix soit le tien, pas un choix subi et lié au regard des autres et de la société.
Pendant le confinement, Carole* ne s’est pas teint les cheveux. Au fil des semaines, elle a appris à aimer sa tête comme cela. Elle a eu la sensation de se retrouver, d’être elle-même et cela lui a fait du bien. Et depuis, elle arbore sa crinière blanche comme une évidence, sans revendications, en toute simplicité parce qu’elle s’aime comme ça et c’est bien cela qui compte.
Tu n’es pas tes rides, tes cheveux blancs ou pas, tu es bien plus que cela. Ton corps est le reflet de tout ce que as vécu.
Le poids, témoin de tes émotions et de ta vie
Que tu sois trop maigre, trop grosse, trop, tout simplement, ce n’est pas sans raison.
Une maladie, un traitement, des événements, des chocs émotionnels viennent perturber ton poids. La tristesse, la peur, la culpabilité sont des émotions qui peuvent facilement te faire maigrir ou grossir.
Paula* a été victime d’une agression, depuis elle vit dans la peur permanente que cela recommence. Elle y pense chaque jour, elle modifie ses trajets en conséquence, elle évite soigneusement la rue où cela s’est produit. Depuis cette agression et avec cette peur constante, elle prend du poids. Elle réalise que cette peur permanente la fait grossir mais aussi que c’est une façon de modifier son apparence afin d’être moins reconnaissable. Son corps n’est pas son ennemi, il gère la situation au mieux et lui montre que quelque chose ne va pas.
Si ton poids change, si celui d’un proche change, n’entres pas dans le jugement et les conseils péremptoires “tu devrais faire quelque chose, tu ne peux pas, tu dois, …” cela ne fait que compliquer la situation. En effet, si tu as pris du poids et que ton entourage te le fait sans arrêt remarquer, tu vas juste te sentir encore plus mal. Tu as plutôt besoin qu’on fasse attention à toi et à comment tu vas réellement. Et si tu es face à une personne qui a tout le temps tendance à faire des remarques sur le poids, sur le corps des autres. N’oublies pas qu’elle parle plus d’elle et de ses peurs à elle que de toi, de son rapport à son propre corps.
C’est ton corps. A toi de décider comment tu veux vivre avec lui, dans un conflit, un combat permanent ou en paix et en complicité.
*le prénom a été changé